Les nombreux ouvrages publiés – une vingtaine – à propos de l'affaire judiciaire dite « d' Outreau », qui bouscula durablement la Justice ; les innombrables articles de presse – plusieurs centaines – les documentaires télévisés français et belges : tous semblaient unanimement s'accorder dans les grandes lignes pour raconter la même histoire. Une histoire entrée dorénavant dans l'ordinaire culturel de la République, mais qui semblait pourtant curieuse à celles et à ceux qui avaient approché les jeunes victimes ou étudié les éléments du dossier d'instruction. Comme si, au final, l'affaire avait deux visages qui ne se ressemblaient guère.
Deux auteurs, ayant conçu les mêmes doutes, avaient mené, séparément, durant plusieurs années, de minutieuses investigations sur l'affaire et sur ce qui en avait été dit. Ils avaient écrit nombre d'articles, puis se sont rencontrés à Rennes en 2015, au moment du dernier procès dit « Outreau 3 ». Ce fut alors pour eux une expérience déterminante, car chaque jour, ils pouvaient mesurer l'écart surprenant entre ce qu'ils vivaient en salle d'audience et ce que les médias en rapportaient. Les dérives dont ils furent les témoins directs s'apparentèrent à la fois à une épreuve et à un cas de conscience. La mystification devait être dévoilée, des vérités devaient être rétablies ; les mensonges – nombreux – devaient être dénoncés, les paradoxes mis en lumière et les angles morts examinés.
Publier quelques articles ne suffisait plus: il fallait écrire un livre.